LES MÉDICAMENTS DES TROUBLES BIPOLAIRES

Le traitement des troubles bipolaires s’appuie essentiellement sur la prescription de médicaments destinés à prévenir les rechutes. C’est un traitement de fond qui sera pris pendant des années, voire toute la vie. Les traitements de fond disponibles aujourd’hui ont apporté un bénéfice considérable aux personnes souffrant de maniaco-dépression. Grâce à eux, de nombreux patients ont vu leur souffrance soulagée. Ces médicaments améliorent la qualité de vie des malades en réduisant la fréquence et l’intensité des cycles ainsi qu’en stabilisant leur humeur. En savoir plus sur les troubles psychiques sur ce lien.

LES TRAITEMENTS DE FOND


Les médicaments régulateurs de l’humeur (thymorégulateurs) constituent les traitements de fond du trouble bipolaire. Ils sont de plusieurs types. Le choix du médicament s’effectue en fonction des symptômes observés, mais aussi en prévision d’éventuels effets indésirables. Bien que tous ces médicaments aient prouvé leur efficacité contre le trouble bipolaire, certains patients traités continuent à avoir des symptômes. Dans ce cas, pour une plus grande efficacité, le médecin peut décider d’associer plusieurs médicaments thymorégulateurs.

LES SELS DE LITHIUM


Les sels de lithium sont les thymorégulateurs les plus utilisés (leur mécanisme d’action n’est pas bien élucidé). Leur effet se manifeste lentement. La prescription des sels de lithium nécessite un bilan médical préalable, renouvelé tous les ans : prise de sang (numération formule sanguine, glycémie, dosages pour contrôler le bon fonctionnement des reins et de la thyroïde…), test de grossesse, électrocardiogramme et électroencéphalogramme.

Les principaux effets indésirables du lithium sont : somnolence, tremblements des mains, troubles digestifs, perturbation du fonctionnement de la glande thyroïde. Nausées, tremblements, soif, troubles de l’équilibre sont les signes les plus fréquents d’un surdosage. Ils doivent être signalés rapidement à votre médecin.

LES ANTIÉPILEPTIQUES


Des substances initialement développées pour lutter contre l’épilepsie (le valproate, et plus rarement, la carbamazépine) sont également prescrites pour réguler l’humeur. Le valproate est associé à un risque accru de malformations pour l’enfant à naître en cas d’utilisation chez la femme enceinte. Une contraception efficace est nécessaire en cas d’utilisation chez la femme en âge de procréer. La lamotrigine, un autre antiépileptique, est également utilisée en prévention des épisodes dépressifs chez les personnes souffrant de troubles bipolaires.

LES NEUROLEPTIQUES ATYPIQUES


Des antipsychotiques atypiques (ou neuroleptiques atypiques) peuvent également être prescrits pour traiter les épisodes maniaques. Certains sont également utilisés pour prévenir les récidives des troubles bipolaires.

LES TRAITEMENTS DES PHASES AIGUËS


Certains médicaments sont utilisés pour soulager les symptômes lorsque ceux-ci sont très sévères. Une fois ce but atteint, ils laissent place aux traitements de fond destinés à prévenir les rechutes. Lors des phases aiguës de troubles bipolaires graves résistants aux traitements, le médecin peut prescrire une sismothérapie (électrochocs).

LES TRAITEMENTS DES PHASES MANIAQUES AIGUËS


Lors de crises maniaques graves, le médecin peut avoir recours aux régulateurs de l’humeur à des doses plus élevées que celles prescrites pour un traitement de fond, mais aussi à des neuroleptiques sédatifs.

LES TRAITEMENTS DES PHASES DÉPRESSIVES AIGUËS


Lors d’une phase dépressive sévère, le médecin peut prescrire des antidépresseurs, en particulier de la famille des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS). Cependant, ces médicaments doivent être utilisés avec précaution, car certains d’entre eux peuvent favoriser l’apparition d’une phase maniaque. Pour cette raison, il arrive que la première phase maniaque reconnue chez un patient apparaisse à la suite de la prescription d’un traitement antidépresseur. Cela peut arriver chez des patients dépressifs n’ayant pas signalé à leur médecin qu’ils avaient connu des périodes d’euphorie anormale (donc des signes de troubles bipolaires). Cela se produit également chez des patients n’ayant jamais connu de phase maniaque et chez qui ces antidépresseurs ont révélé l’existence de troubles bipolaires jusque-là inexprimés.

Ainsi, lorsque les troubles bipolaires ne sont pas trop sévères, les antidépresseurs ne sont pas utilisés afin de ne pas risquer de provoquer des épisodes de manie. Si le patient peut supporter un peu plus longtemps les symptômes dépressifs, le médecin préfère souvent attendre que les régulateurs de l’humeur fassent leur effet (en quelques jours à quelques semaines). L’efficacité des thymorégulateurs sur le trouble bipolaire sera meilleure en l’absence d’antidépresseurs.

COMMENT BIEN UTILISER LES MÉDICAMENTS RÉGULATEURS DE L’HUMEUR ?


Il est indispensable de signaler la prise de thymorégulateurs à son pharmacien et à tout nouveau médecin consulté.

De plus, il faut veiller à ne pas se déshydrater (donc boire suffisamment) et à ne pas consommer trop ou trop peu d’aliments salés. Ainsi, un séjour dans un pays chaud nécessitera une plus grande surveillance et une adaptation de l’apport en sel. Il faut également veiller à ne pas consommer trop de substances diurétiques telles que le café ou le thé.

Un traitement de fond par un sel de lithium est toujours mis en place progressivement. L’ajustement de la dose efficace se fait grâce à une surveillance des concentrations de lithium dans le sang. Des dosages sanguins sont pratiqués tous les cinq jours en début de traitement, puis s’espacent. Lorsque le traitement est stabilisé, ces prises de sang sont faites tous les deux à trois mois. L’efficacité d’un traitement par les sels de lithium est évaluée après un à deux ans. Ce traitement dure plusieurs années, ou bien toute la vie.

La prise d’alcool est fortement déconseillée avec les sels de lithium. Il faut être extrêmement vigilant sur les risques d’interaction entre les sels de lithium et d’autres médicaments (par exemple les anti-inflammatoires non stéroïdiens comme l’ibuprofène ou l’acide niflumique).

Des analyses de sang sont également nécessaires en cas de traitement avec la carbamazépine (Tégrétol et ses génériques). Ces médicaments interagissent également avec de nombreux médicaments et, en particulier, diminuent l’efficacité des pilules contraceptives.

QUAND PEUT-ON ARRÊTER LE TRAITEMENT DE FOND ?


Si les symptômes ont disparu durablement grâce au traitement de fond, un arrêt très progressif peut éventuellement être envisagé, mais seulement après plusieurs années. La décision en est toujours délicate, et de nombreux patients préfèrent continuer à prendre leur traitement de fond. Lors de l’arrêt du traitement de fond, le patient et son entourage doivent être extrêmement vigilants à l’éventuelle apparition de symptômes maniaques : sensation soudaine d’amélioration, querelles avec les membres de la famille, réapparition d’un tic, achats impulsifs, diminution du sommeil, frénésie d’appels téléphoniques, etc.

LES AUTRES TRAITEMENTS DES TROUBLES BIPOLAIRES

QUELLE PLACE POUR LES PSYCHOTHÉRAPIES DANS LE TRAITEMENT DES TROUBLES BIPOLAIRES ?


La forme d’aide la plus indiquée pour les malades maniaco-dépressifs et leurs proches est la psychoéducation, mais elle est toujours associée à un traitement médicamenteux. Cette thérapie éducative consiste à expliquer la maladie et ses traitements pour que le patient respecte le mieux possible la prescription du médecin, mais aussi pour que ses proches et lui soient capables de repérer rapidement des signes de rechute. La psychoéducation peut se faire par le biais de séances individuelles ou de sessions de groupe pendant lesquelles patients et entourage peuvent discuter de leur expérience et interroger le thérapeute.

Les psychothérapies cognitives et comportementales, ou celles d’inspiration analytique, agissent peu sur les troubles proprement dits mais sont utiles pour permettre à la personne de travailler sur elle-même.

QU’EST-CE QUE LA SISMOTHÉRAPIE ?


La sismothérapie (électrochocs, ou électroconvulsivothérapie, ECT) a une mauvaise image auprès du public. Pourtant, cette forme de traitement peut être efficace pour soulager les phases maniaques ou dépressives aiguës résistantes aux médicaments. Elle consiste à provoquer une crise d’épilepsie à l’aide d’un courant électrique très bref (quelques dixièmes de seconde) appliqué sur les tempes lors d’une brève anesthésie générale. Un médicament destiné à relâcher les muscles est également injecté. Les mécanismes de son efficacité contre la psychose maniaco-dépressive sont encore peu connus. Ce traitement n’est pas douloureux et entraîne peu d’effets indésirables (confusion passagère au réveil, maux de tête, nausées, troubles de la mémoire qui s’atténuent après quelques jours ou semaines). Une cure de sismothérapie comporte en général huit à douze séances à raison de deux à trois séances par semaine.

COMMENT AIDER UNE PERSONNE BIPOLAIRE ?

Bien qu’il puisse être difficile à assumer, le rôle des proches dans le succès du traitement de la maniaco-dépression est fondamental. L’entourage peut s’impliquer en acquérant une meilleure compréhension de la maladie et de son traitement, en convainquant le malade de prendre ses médicaments, ainsi qu’en surveillant d’éventuelles rechutes.

COMPRENDRE LA SITUATION


Vivre avec une personne bipolaire est complexe et difficile en l’absence de traitement. Les répercussions des troubles du comportement pendant les phases maniaques et le sentiment d’impuissance à soulager la souffrance des phases dépressives pèsent lourdement sur les relations familiales. Il est difficile pour l’entourage de ne pas en vouloir à la personne malade avant le diagnostic des troubles, et aussi bien après.

Les personnes atteintes de psychose maniaco-dépressive ont des attitudes différentes face à leur maladie. Certaines refusent d’admettre qu’elles sont malades, se sentent incomprises et rejetées par leurs proches, et sont agressives quand on leur parle de traitement. D’autres redoutent le prochain cycle et ont honte de leurs agissements. C’est avec culpabilité qu’elles réalisent les conséquences familiales et professionnelles de leur maladie.

Les associations de patients peuvent apporter une aide précieuse.

AIDER LA PERSONNE À SE SOIGNER


Les proches jouent un rôle essentiel dans la prise en charge médicale des troubles bipolaires. Ils peuvent convaincre la personne malade de consulter un spécialiste et aider au diagnostic en fournissant des indications sur les phases maniaques, souvent ignorées ou sous-estimées par le patient. Ils peuvent également constituer un soutien essentiel lors de la mise en place du traitement. Enfin, ils peuvent être vigilants sur l’apparition de signes maniaques annonçant une rechute.

PARTICIPER AUX ACTIVITÉS


Il est important que les proches participent aux activités psychoéducatives qui leur sont proposées. Ces activités améliorent leur connaissance de la maladie, proposent des attitudes à adopter pour aider le patient et leur fournissent l’opportunité d’échanger leur expérience avec d’autres familles touchées par les troubles bipolaires.

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